Lors de la Fabrique de la Diplomatie, le 5 septembre 2025

La Fabrique de la Diplomatie, événement porté par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et ouvert à tous les publics, s’est tenue les 5 et 6 septembre 2025 à l’Université Sorbonne Nouvelle. Elle a constitué un moment privilégié, offrant divers formats d’interactions et d’échanges avec les parties prenantes de l’action internationale de la France.

Dans ce cadre, le think tank Santé mondiale 2030 a animé une table ronde intitulée « Après le retrait américain, quel avenir pour l’OMS ? », avec la participation de Anne-Claire Amprou, Tania Cavassini, Michel Kazatchkine, Claire Magone et Marie-Paule Kieny.

La synthèse des échanges :

La santé est un droit humain fondamental. Elle est indissociable de la politique et de la diplomatie, car chaque décision en matière de santé est un choix politique dont les répercussions dépassent les frontières.

Depuis 1945, l’OMS incarne le lien entre la science et la gouvernance mondiale. Elle établit des normes, recueille les données de santé, coordonne la réponse aux urgences sanitaires et offre un espace unique pour la diplomatie sanitaire internationale.

Pourtant, elle fait face à de nombreuses difficultés. Les dernières années ont vu la fragmentation du système multilatéral, avec une diversité croissante d’acteurs et de priorités. Hérité de l’après-guerre, le modèle onusien montre ses limites alors que les recompositions géopolitiques rendent la coopération internationale plus complexe, y compris dans le domaine de la santé. Le retrait annoncé – qui sera effectif en 2026 – des États-Unis et de l’Argentine, conjugué à la baisse dans de nombreux pays des budgets d’aide publique au développement, provoque une crise sans précédent du financement de la santé mondiale. Les prévisions de l’OMS anticipent une réduction de 40 % des financements mondiaux pour la santé mondiale et de 20 à 30 % de son budget. Ces baisses toucheront de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables de tous les pays, affaibliront le travail des acteurs de santé, fragiliseront les mécanismes de coopération internationale et risquent d’avoir des effets durables sur d’innombrables secteurs transversaux, compromettant à la fois les acquis et les progrès à venir. 

Dans un monde globalisé où les inégalités en santé persistent, le think tank Santé mondiale 2030 reste persuadé que le multilatéralisme reste la seule réponse pour relever ensemble les défis sanitaires globaux. L’adoption historique du traité sur les pandémies en mai 2025 l’a démontré : même dans un contexte de tensions internationales, il est possible de promouvoir l’intérêt commun et de s’accorder pour protéger la sécurité sanitaire dans le monde. 

Plusieurs pistes de réflexion ont été mentionnées lors de table ronde : recentrer l’OMS sur son rôle normatif, repenser l’architecture de la santé mondiale dans un contexte de coupes budgétaires massives, diversifier les sources de financement et renforcer la capacité des pays du « Sud global » à réformer et autofinancer leurs systèmes de santé.

Une OMS forte, au centre du vaste système sanitaire international, et une coopération renouvelée et adaptée sont essentiels, non seulement pour protéger les plus vulnérables, mais aussi pour garantir la sécurité collective et la paix face à des défis qui ne connaissent pas de frontières. La santé publique et la santé mondiale sont les deux faces d’une même pièce : l’une ne va pas sans l’autre.